Module 2
2.1 Soutenabilité forte ou soutenabilité faible ? 2.2 Les acteurs du Développement durable 2.3 Les outils du développement durable 2.4 La gouvernance du Développement durable |
2.3. Les outils du Développement durable
Comme nous avons pu le voir, le développement durable suppose une approche interdisciplinaire afin d’en saisir tous les enjeux. Il est donc nécessaire pour les autorités de disposer d’une pluralité d’outils afin d’avoir une réponse adaptée à chaque problématique.
2.3.1 Les outils économiques de la politique climatique Sur le plan économique, l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) définit un instrument économique comme « une mesure qui utilise le système des prix et les forces du marché pour atteindre un objectif donné ». Dans le domaine spécifique du développement durable, les outils économiques ont pour finalité l’augmentation des coûts pour les activités ayant un impact environnemental négatif important, et à l’opposé, la diminution des coûts des activités entraînant de faibles dégâts sur l’environnement. Par ailleurs, il s’agit également pour les acteurs du développement durable de disposer d’un certain nombre d’outils leur permettant de mettre en œuvre les objectifs du développement durable, c’est à dire d’intégrer les dimensions environnementales mais aussi sociales dans la gouvernance de leur entreprise. Grâce à ces outils, les entreprises peuvent choisir la forme de l’action qu’elles souhaitent mettre en œuvre, dans des domaines aussi variés que la prévention, l’incitation à l’investissement dans les projets de développement durable, ou encore l’incitation aux comportements écologiques responsables, avec par exemple les « Nudges[1] », nouveaux outils élaborés par la branche de l’économie s’intéressant au comportement humain (Daniel Ariely). 2.3.2 Les outils pour permettre une plus grande égalité et cohésion sociale : la dimension sociale du Développement durable Sur le plan social, le secteur privé dispose depuis 2010, de deux outils leur permettant de mettre en place un mode de gouvernance tourné vers le développement durable. A l’échelle européenne, la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), offre un cadre aux entreprises intéressées, sur la base de « l’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des entreprises à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes. [2]» A l’échelle internationale, la norme ISO 26000 propose quant à elle une clarification des principes de cette responsabilité sociale, mais aussi une méthode de mise en action de ces derniers. Mais cette dimension sociale du développement durable ne concerne pas uniquement la responsabilité des entreprises. Les effets climatiques et la dégradation d’écosystèmes entiers ont un effet direct sur les populations pour qui l’urgence de la situation se vit au quotidien. Afin d’évaluer et de mettre en œuvre l’objectif de développement durable N°13 : « Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions » des outils ont été mis en place « pour mesurer la résilience des communautés aux désastres »[3] . Mais dans l’attente d’outils d’action réelle, d’autres moyens sont à mettre en œuvre notamment par les pouvoirs publics. Afin de favoriser l’égalité et la cohésion sociale au sein de leur pays, ils ont plusieurs leviers :
Concernant la dimension environnementale, les pouvoirs publics et les institutions internationales ont plusieurs instruments à disposition dans le cadre des politiques environnementales. On peut notamment en distinguer trois :
2.3.4 Les outils pour protéger la diversité culturelle : l'éducation comme clé de la réussite La culture, quatrième pilier du développement durable, est quant à elle, considérée comme un outil en elle-même. Dans l’article 1 de la déclaration universelle sur la diversité culturelle, l’Unesco établit un lien entre diversité culturelle humaine et biodiversité[4]. A travers ses modes d’expression telles que la langue ou encore ses coutumes, la culture apparaît comme étant intimement liée à l’environnement naturel qui l’a vue naître. Elle représente donc un vecteur de savoirs sur les écosystèmes et les pratiques écologiques qui doivent être préservés, soutenus et diffusés, à une échelle locale mais aussi à travers des échanges internationaux. Mais selon l’espace dans lequel elle se déploie, la culture se présentera sous une facette différente. Ainsi, dans les pays développés, elle sera associée plus aisément à la notion de développement et de responsabilisation environnementale et sociale, à travers par exemple des dispositifs tels que l’initiative sur la Culture pour le développement urbain, lancée par l’Unesco (2015). Il est évident qu’en matière de culture, l’Unesco joue un rôle important, notamment en adoptant des textes normatifs permettant de donner un cadre à cet aspect culturel du développement durable[5]. Il existe par ailleurs des outils dits transversaux, qui sont utilisés dans la mise en oeuvre de tout projet de développement durable, qu’ils soient à visée économique, sociale, culturelle ou environnementale, et ce par tous les acteurs concernés et à toutes les échelles de mise en applications. Parmi eux, il y a les outils techniques comme par exemple les outils de suivi et d’évaluation : les grilles d’analyse, les guides méthodologiques ou encore des solutions logicielles qui, basées sur un certain nombre de critères prédéfinis, vont permettre la mesure de l’impact environnemental. Ce type d’outils se multiplie, en même temps que les situations à analyser et à évaluer. Plus qu’un outil désormais, il conviendrait de parler de méthode, d’approche du développement durable selon un modèle d’analyse et d’évaluation de l’impact d’une action sur l’environnement, avant et après que celle-ci soit mise en œuvre. Enfin, l’éducation, et plus largement la communication est peut-être un des outils le plus utilisé, parce que jugé comme étant le plus efficace, sinon le plus puissant. En terme de contenu, l’éducation, mise indubitablement sur la perception qu’auront les générations futures de la notion d’environnement. Une approche éducative prônant une vision holistique de l’environnement, incitant à aller au delà de là où se porte le regard, et associée à une mise en action locale réfléchie pourrait permettre un changement de comportement durable compatible avec l’idée de développement. Cela va de la connaissance de l’impact des actes les plus anodins du quotidien sur l’environnement mais aussi sur les sociétés éloignées, à la pratique d’une « agriculture » écologique, même sous sa forme la plus rudimentaire. Sur la forme, il s’agit de s’assurer de l’intégration à la fois du développement durable dans l’éducation des enfants à travers le monde, mais aussi d’intégrer en retour l’éducation dans le plan de développement durable dans les actions en faveur du développement durable. La diversité des outils disponibles et les nombreux acteurs impliqués dans la question du développement durable amènent de nouvelles interrogations, notamment sur la manière dont toutes ces composantes vont pouvoir s’articuler entre elles pour atteindre les objectifs fixés par l’Agenda 2030. |